20 avril 2012

Billet d’intention



Pourquoi un blog ? Lorsque j’ai commencé à en parler, autour de moi, nombreux sont ceux qui furent étonnés. « Mais tu as déjà Rue89 ! », Oui, j’ai Rue89. Mais Rue89 est un média. Comme dans tous les médias, le journaliste y écrit les sujets que le rédacteur en chef a validés. Un média sur Internet a, et c’est heureux, exactement le même fonctionnement rédactionnel que tous les magazines, tous les journaux et tous les programmes du monde. Or, fatalement, si intéressant que soit votre sujet, il n’intéresse pas forcément les lecteurs. Donc, il n’intéresse pas forcément l

e rédacteur en chef. Qui, sur le Web, doit penser intérêt rédactionnel autant que poids au buzzomètre. Sur Rue89, tous les sujets que j’ai écrits sont des sujets que j’aime. Mais il est d’autres sujets que je n’ai pu publier dans Rue89. Parce que trop littéraires, et que Rue89 est avant  tout un média politique. Et au bout d’un moment, j’ai eu envie d’un espace où je pourrais présenter ces romans-là. Voilà pourquoi un blog.

Pourquoi un blog ? On pose toujours la question à un journaliste, à fortiori s’il écrit sur le Web, ce qui est mon cas. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la place n’est pas illimitée sur le web. Les médias sur Internet aussi ont du « marbre » -entendez des papiers qui attendent très longtemps, une fois écrits et achevés, pour être publiés-. Surtout dans le domaine de la culture, classée en « actu froide », quand la politique et l’économie sont, eux, de l’actu « chaude » et génèrent de l’hyper-buzz. L’hyper-buzz, c’est ce qui fait vivre un média sur Internet. Me concernant, depuis un an, j’aurais pu élever un escalier entier avec le « marbre » de mes papiers. Ces sujets, ces livres, je voulais depuis très longtemps m’accorder le temps de les traiter. Leur donner le temps d’exister. Pour cela, il fallait un espace de liberté. Et du temps. Avec le Pop Corner, j’ai eu envie de me dégager ce temps et cet espace.

« Et le Cabinet de lecture, c’est pas un blog ?! », m’a-t-on dit. Le Cabinet de lecture de Rue89 n’a jamais été un blog dans le sens rédactionnel du terme : n’étant qu’un employé à temps partiel sur le site, je ne pouvais l’entretenir quotidiennement, mais seulement au prorata de mon salaire. Or, un blog, ça doit être entretenu tout le temps. Le Cabinet avait été crée dans le mouvement de la création si joyeuse du site, en 2007. C’est pour que cesse la confusion avec tous les –vrais- blogueurs que j’ai demandé, lors de la nouvelle version de Rue89 en octobre 2011, à ce que mes articles soient publiés dans le même flux que les autres. Dans les médias où je travaille, j’écris des articles que je propose ou que l’on me commande, pour lesquels je suis payé. Quand un journaliste a, par ailleurs, besoin d’un blog, c’est pour écrire des notes, des chroniques et des interventions qui sont une continuité du travail de journaliste culturel.

Pourquoi un blog ? Parce que, justement, je suis en manque de chroniques et de notes. Dans la presse écrite, l’espace est de plus en plus restreint, et on ne peut traiter tous les livres qu’on veut traiter. Sur Rue89, il m’a été demandé de ne plus faire de chroniques en 2009, et je m’y suis bien sûr plié.

Pourquoi un blog ? Parce que c’est une forme souple. Vivace. Le lieu du débat. Pourquoi seulement maintenant ? Parce que je n’avais jamais eu le temps avant. Et parce que, journaliste, j’écris avant tout des articles. Journaliste free-lance, je vends des articles. Quand je n’écris pas, je lis. En ce printemps, allez savoir pourquoi, j’ai eu envie de prendre du temps, et d’écrire des articles qui ne rapportent rien, mais qui sont un prolongement : un blog. Si j’en ai eu envie maintenant, c’est aussi car je pense que, depuis l’avènement des réseaux sociaux comme nouveaux carrefours des connaissances et des informations, un blog est tout autre chose que ce qu’il était il y a dix ans.

Pourquoi un blog ? Parce que j’ai eu envie d’être sur ces carrefours, et d’y varier les angles. J’ai eu envie de mon Pop Corner. Ouvert tous les jours et toutes les nuits. Bienvenue à vous.

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