17 mai 2012

En France, le football féminin, c’est maintenant

Ce soir à 18h, l’Olympique Lyonnais sera en finale de la Champions League pour la troisième fois en trois ans. Oui, le club présidé par Jean-Michel Aulas. Oui : la section féminine du club lyonnais est une des meilleures équipes de football féminin d’Europe, et de France bien sûr.

 

 

Heureuse coïncidence des calendriers politique et sportif : c’est le lendemain de l’annonce d’un gouvernement Ayrault respectant la parité hommes-femmes que les footballeuses françaises
ont la part belle.

 

 

Pour preuve, cette une historique de L’Equipe aujourd’hui.

Battues en finale de la Champions League 2010 (contre les allemandes du Turbine Potsdam, 0-0, 7-6 aux tirs au but), elles remportèrent le trophée l’an passé, battant le même Turbine Potsdam 2 à 0.

 

 

Cette année, les lyonnaises rencontrent une nouvelle fois un club allemand : le FFC Francfort. Le match sera joué en Allemagne, à l’Olympiastadion de Munich (à ne pas confondre avec l’Allianz Arena), ce stade construit pour les J.O. 1972, où aucun match de football ne s’est déroulé depuis sept ans.

Cette année, les lyonnaises rencontrent une nouvelle fois un club allemand : le FFC Francfort. Le match sera joué en Allemagne, au Stade Olympique de Munich (à ne pas confondre avec l’Allianz Arena), ce stade construit pour les J.O. 1972, où aucun match de football ne s’est déroulé depuis sept ans.

 

« La Zidane de l’équipe de France »

 

Dans une France très en retard dans le domaine du foot féminin, l’OL fait figure de navire amiral. La section femmes du FC Lyon fut crée en 1970, et fut en 2004 rattachée à l’Olympique Lyonnais. C’est là qu’Aulas, qui à cette époque bataillait ferme pour un football des clubs émancipé des structures fédérales européennes (les honteux G14 et Association européenne des clubs), paria sur une section féminine.

Un Aulas qui, depuis trois saisons, ronge son frein lorsqu’il pense à ses hommes, et va chercher le sourire chez ses filles. Dimanche dernier, par exemple, il n’a même pas accompagné les premiers pour la 37e journée de Ligue (ils jouaient à Ajaccio), préférant fêter la Coupe de France que l’OL féminine venait de remporter, à Bourges, contre Montpellier (2-1).
A un peu plus de deux semaines de la fin du championnat de première division, les Lyonnaises sont deuxièmes, à trois points des leaders du FC Juvisy, autre grand club français.

A Juvisy jouent Sandrine Soubeyrand, la capitaine de l’équipe de France, ainsi que Gaëtane Thiney ou Laetitia Tonazzi, elles aussi membres des Bleues. La quasi totalité des autres joueuses de la sélection nationale vient de l’OL, Louisa Necib (« la Zidane de l’équipe de France »), superbe joueuse, Elodie Thomis, Sonia Bompastor, Camille Abily, Eugénie Le Sommer.

 

Semi-professionnalisme

 

Si Lyon est le plus gros club féminin du pays, sa section féminine n’a pas le statut pro. Car en France, le professionnalisme est une utopie, dans le football féminin. La grande majorité des joueuses de haut niveau sont amateurs, à commencer par l’actuel leader de la D1, Juvisy. Elles ont des horaires aménagés dans leur travail, pour s’entraîner le soir et jouer le week-end.

En France, on ne compte que quelques « contrats fédéraux », un contrat géré non pas par la Ligue de Football Professionnel mais par la Fédération Française de Football. Une formule qui permet un encadrement et une rémunération légale pour les non-professionnels. Un statut qui s’apparente au semi-professionnalisme d’antan (et qui demeure très en vigueur en Grande-Bretagne). En 2011, l’OL avait vingt joueuses sous contrat fédéral, Guingamp et le PSG deux, et Juvisy un. Toutes les autres joueuses sont amateurs

Les femmes qui joueront ce soir gagnent ainsi entre 1500 et 10 000 euros mensuels (source : L’Equipe). Elles disposent toutes d’une Smart fournie par le club. Et, grâce au pari d’Aulas et à sa volonté d’installer réellement un football féminin dans l’hexagone, l’OL féminine a un budget annuel de 7 millions d’euros, et un staff de huit personnes. Certes, c’et sans commune mesure avec les clubs masculins professionnels, mais c’est un cas unique en France.

 

Le foot féminin profite du discrédit des hommes

 

Ce que beaucoup, ignorent, c’est le football féminin fut très à la mode… au début du XXe siècle : c’était un moyen pour les femmes de s’émanciper quelque peu, en même temps qu’une occasion donnée aux hommes de voir des mollets féminins sur un terrain. Il reprit ensuite des couleurs dans les années 1960. Le Football Club féminin de Reims, formé à la suite d’une petite annonce parue dans le quotidien L’Union, en fut le précurseur.

Il y a une grande histoire du football féminin, en France et dans le monde. Depuis le fiasco de la Coupe du monde 2010 et les affaires Anelka, Zahia, etc, le discrédit des joueurs français a, il est vrai, profité aux femmes.

D’autant que 2001 fut l’année du changement : victoire des Lyonnaises en Champions League, épopée surprise des Bleues lors de la Coupe du monde de juillet 2011, matches des Bleues et du championnat dorénavant visibles sur France 4, Direct 8 ou Eurosport (ces deux dernières retransmettront toutes les deux la finale de ce soir).

Certes, elles sont encore souvent vues comme des garçons manqués. Certes, les machos prétendent que le foot féminin ne génère pas de spectacle, car les femmes courent moins vite que les hommes et les matches sont lents. Mais le jeu de passe est plus développé, et le ballon vit plus.

 

Et c’est pour un ballon qui vit que nous vibrons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire