12 mai 2012

Troyes en Ligue 1 : une histoire du football aubois en trois tranches

Champagne ! Avant même la dernière journée du championnat de Ligue 2, le Stade de Reims et l’ES Troyes-Aube-Champagne ont assuré leur montée en Ligue 1 grâce à des succès à Amiens (2-0) et Monaco (2-0).

Homepage du site de l’ESTAC hier soir

Cette saison, on parlait le champardennais, en Ligue 2 : Sedan, Reims, Troyes.

Dans les années 1950-60, la Champagne comptait déjà ces trois grands clubs en première division française. Sans compter qu’ils écrivirent tous trois de beaux chapitres de la Coupe de France d’alors.

Certes, Troyes n’a pas la légende dorée du grand Reims de Kopa, Fontaine et Hidalgo. Encore moins le palmarès. Bien sûr, Troyes n’aura jamais une légende de la grandeur de celle des « footballeurs ouvriers » du Sedan de Dugauguez, Fulgency, Roy, Breny et autres Zacharie Noah (le père de Yannick).

Mais Troyes a remporté la Coupe Intertoto (2001). OK, c’est une coupe qui ne rimait à rien. Mais on a rien, justement, c’est déjà beaucoup.
Troyes fut finaliste de la Coupe de France 1956, justement contre les ouvriers de Sedan. Oui Môssieur.
Et au tournant des années 1990-2000, Troyes fit quelques belles perfs en Ligue 1, avec des joueurs nommés Jérôme Rothen, Mamadou Niang ou Bafétimbi Gomis. Oui Madame.

Donc, le chef-lieu du département de l’Aube ne se résume pas à ses magasins d’usine, au Coq Sportif, à Petit Bateau, à ses andouillettes, à sa dynastie Baroin et à son identité de droite Figaro-Madame. Dans cette cité dont le centre-ville a la forme d’un bouchon de champagne, il y a tout de même un peu d’histoire du foot.

En outre, il se trouve que je suis né à côté de Troyes, et que j’y ai vu mes premiers matches.

Alors, si l’OM est mon club de cœur, celui de Troyes mérite qu’on raconte trois tranches de son histoire.

 1954-1963 : un nom

Le club s’appelait alors l’Association Sportive de Troyes-Sainte Savine. Il évolua en première division du championnat de France de 1954 à 1956 puis en 1960-1961. Trois saisons, comme ça pour goûter, et pour voir évoluer l’Algérien Abdelaziz Ben Tifour, l’Uruguayen Santiago Bessonnart, Fernand Devlaminck ou Joseph Aucourt.

En championnat, la saison 1955-56 fut une calamité : 78 buts encaissés en 34 matches, dernier du classement à l’arrivée, et un ticket pour la division inférieure.

Et pourtant. C’est bien cette même équipe qui écrivit la plus belle ligne, aujourd’hui encore, de l’histoire du club. Les mêmes hommes, avec un autre visage, alignèrent exploit sur exploit. A la surprise générale, les boulets de la première division sortirent : Montpellier, Sochaux, puis Nîmes. En quart de finale, Troyes affronta le grand Stade de Reims. Celui de Kopa, Hidalgo et Jonquet, à l’époque le plus grand club d’Europe avec le Real Madrid. Et Troyes élimina ce Reims-là (3-2). En demi, les Aubois écartèrent le FC Nancy de Roger Piantoni sur le même score. Et là aussi après avoir été menés au score –n’oublions pas que l’équipe avait alors une passoire à la place de la défense.
Nouveau choc régional pour la finale : ce sont les footballeurs ouvriers de Sedan, où ne joue pas encore Noah, mais qui sont au début de leur apogée, qui firent débander les Troyens (3-1) et remportèrent la Coupe.

1973-78 : un nouveau nom

En 1963, le club perdit sa section professionnelle, avant d’être dissous en 1967. La ville pleura son équipe jusqu’à la création du TAF (Troyes Aube Football) en 1970. Dès 1973, le club accède à la première division. Il y restera cinq ans, sans réaliser d’autre exploit que de se maintenir à chaque fois de justesse, ne parvenant jamais à faire pieux que quinzième. En 1978, l’ascenseur redescendit d’un étage, ouvrant ne nouvelle période de trou noir à Troyes.

Là aussi, le plus bel exploit fut réalisé en Coupe de France : en 1976, Troyes élimina les Verts de Saint-Etienne en 32èmes de finale. Oui, les Verts de Larqué, Curkovic, Rocheteau, Janvion, Bathenay et Piazza. Oui, les mêmes Verts qui firent rêver l’Europe jusqu’à la finale aux poteaux sortants de Glasgow. Oui, ces Verts sans qui il n’y aurait jamais eu de rêve bleu ensuite.

1999 – 2007 : deux noms

En 1986 naquit l’ATAC (Association Troyes Aube Champagne), sur les décombres de la période précédente. Après treize ans de remontée très progressive, ce nouveau nom retrouva la D1, avec une équipe entraînée par un certain Alain Perrin. Après une saison de mise en jambe, où l’équipe se sauva de la descente, l’ATAC changea une fois encore de nom… pour ne pas avoir de problème avec la chaîne de supermarchés éponyme !

Alain Perrin

Naquit alors l’ESTAC (Espérance Sportive Troyes Aube Champagne), qui est toujours son nom en 2012.

Jusqu’à la relégation en 2003 (dernier au classement), Troyes fit des saisons très honorables, finissant entre la 7e et la 14e place. C’est durant cette période que l’équipe apporta à sa ville une nouvelle page dorée, avec cette victoire en Coupe Intertoto en 2001 (contre Newcastle) et la découverte de la Coupe d’Europe (celle de l’UEFA, pour une élimination sans honte contre d’autres Anglais, ceux de Leeds). Cette même année, l’ESTAC se hissa en quart de finale de Coupe de la Ligue et en demi-finale de Coupe de France !

Jérôme Rothen sous maillot troyen

Parmi les joueurs qui jouèrent alors dans l’Aube : Mamadou Niang de 2000 à 2003 et Jérôme Rothen de 2000 à 2002. Les deux effectuèrent leur premier match troyen ce même 28 juillet 2000 face à l’OM, le futur club de Niang.

Troyes revint dire bonjour à l’élite de 2005 à 2007, entraîné par Jean-Marc Furlan, lequel est redevenu entraîneur en 2010.

Jean-Marc Furlan (Photo : Eurosport)

C’est lui qui mena l’ESTAC qui, en ce 11 mai 2012, vient de reprendre un ticket pour la Ligue 1. Accompagnant le Stade de Reims, qui revient dans l’élite après trente-trois ans d’absence. Il y aura donc du champagne en Ligue 1 l’an prochain.

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