A un mois et demi des présidentielles, « Toutes les Amériques » seront présentes dans une seule ville : Vincennes. Où depuis 2002, se tient un rendez-vous devenu incontournable : America.
C’était au lendemain des attentats du 11 Septembre, une période où l’Amérique se divisait comme aux heures les plus sombres de son existence.
Il y avait d’un côté ceux qui voulaient en découdre avec le reste du monde, et de l’autre ceux qui prenaient encore plus de recul et s’interrogeaient sur leur place dans un monde tout aussi inconnu que le nouveau millénaire.Une histoire
La première édition d’America eut lieu fin septembre 2002. Le festival, programmé d’office pour être biennal, fut l’initiative de Francis Geffard, libraire dans la ville et directeur de la si belle collection « Terres d’Amérique » chez Albin Michel, de Philip de la Croix, directeur de la chaîne de musique classique et jazz Mezzo, et de toute l’association Festival America, présidée par Brigitte Gauvain.
Soutenu par des partenaires institutionnels (la ville de Vincennes, l’Institut Français, les ministères de la Culture et de la Communication ainsi que des Affaires Etrangères et Européennes, plusieurs ambassades et centres Culturels) et médias, le festival a toujours eu pour politique d’être payant, comme Etonnants Voyageurs.
Depuis dix ans, ce festival donne à voir le regard des écrivains nord-américains sur leur continent, sur le monde et ses bouleversements. Mais America, c’est toute les Amériques. En 2004, Cubains (Padura), Canadiens (Danielewski), Paco Ignacio Taibo II (Mexique) et autres latinos –américains étaient venus accompagner Louise Erdrich, Michael Turner, Michael Cunningham, Russel Banks, Rick Moody, James Salter, Sherman Alexis et autres Douglas Kennedy dans un festival qui fut 100% anti-Bush. On était alors loin de se douter qu’il serait réélu quelques semaines plus tard.
En 2006, le festival se concentra sur le Canada et la région québécoise, en invitant 25 écrivains canadiens sur une cinquantaine au total. On vit cette année-là, entre autres, Chuck Palahniuk, Nancy Huston, Guillermo Arriaga, Margaret Atwood, Joseph Boyden.
« L’Amérique-monde » fut le thème de l’édition 2008, dont on ne savait pas encore à quel point elle serait annonciatrice de l’élection d’Obama. En 2010, on passa du global au transversal : « La Ville » fut le sujet de retrouvailles de la soixantaine d’écrivains venus des Etats-Unis, du Canada, de Cuba, d’Haïti et du Mexique. Le festival accueillait alors, et pour la première fois, un Bret Easton Ellis qui explosa les ventes, mais aussi Jay McInerney, Dany Laferrière, Douglas Kennedy, Craig Johnson, Joseph Boyden et madame, laquelle publiait alors son premier roman en France, Dan Fante, Richard Lange, James Grady, etc.
Comme tous les évènements littéraires de telles dimensions, les rencontres avec le public sont permanentes, et variées : lectures dans leur langue originale, cafés littéraires réunissant trois à quatre écrivains autour d’un thème littéraire, débats thématiques sur des questions de société contemporaines… Le festival a beau être essentiellement littéraire, il n’en programme pas moins de nombreuses expositions de photos, des concerts, des projections.
Un présent
En dix ans et cinq éditions, America est devenu un des trois-quatre rendez-vous majeurs de la culture transcontinentale dans l’hexagone. Il est le seul à être biennal. A chaque fois, il pose la question de l’influence américaine dans le monde : Pascale Clark la posera d’ailleurs dans son émission « Comme on nous parle » demain matin, sur France Inter, dans un de ses mercredis « ChroCus » (chroniqueurs culturels) dont je fais partie.
Car, oui, cela fait dix ans. Pour cette édition, ce sont treize pays,
huit dizaine d’auteurs environ, et autant de langues et de
littératures, qui seront invités : « Ecrivains du Nord au Sud – Toutes
les Amériques » est le thème de ce week-end. Trois jours où on parlera
forcément des élections à venir, et de la triste série d’évènements
déclenchée par le honteux « Innocence of Muslims ».
Trois jours où on parlera également de « Mythologies américaines », de
« l’Amérique vue d’Europe », d’ « Enfances », de « L’écrivain, être
politique » ou « acteur culturel comme les autres », d’amour,
d’indianités, d’exil, et de bien d’autres questions soulevées dans les
tables rondes.
Pour la première fois, la grande auteur Toni Morrison, prix Nobel de
littérature 1993 sera présente. Vous y reverrez aussi Louise Erdrich,
Jennifer Egan, Russel Banks, Alan Pauls, Luis Sepulveda, Bernardo
Carvalho, Luiz Ruffato. Vous y découvrirez Karen Russel, Jonathan Dee, Michael Christie, Teju Cole.
America 2012 – bande-annonce par Ville_de_Vincennes
Mon programme
Comme lors de nombreux festivals littéraires, je « modérerai » de non moins nombreuses rencontres, que je vous propose ici.
Vendredi 21 septembre
« Zones d’ombre » (1)
16h – 17h / Salle des mariages/Octavio Paz (Mairie, 53 bis rue de Fontenay)
Intervenants : Felipe Becerra Calderon (Chili), Michael Christie
(Canada), Philipp Meyer (USA), Eduardo Antonio Parra (Mexique)
« L’écrivain, un acteur culturel comme les autres ? »
18h à 19h – Forum des Ecrivains – Salle des mariages, mairie de Vincennes
Avec : Joao Almino et Bernardo Carvalho (Brésil) et Fernanda Garcia Lao (Argentine).
Samedi 22
« Zones d’ombre » (2 )
14h – 15h / Salle Robert Louis/Carlos Fuentes (Cœur de ville)
Intervenants : Kent Meyers (USA), Sergio Ramirez (Nicaragua), Rodrigo Rey Rosa (Guatemala), Eric Miles Williamson (USA)
L’écrivain, un être politique ?
17h/18h – Salle Robert Louis / Coeur de Ville
Avec Nick Flynn (USA), Louis Hamelin (Canada), Carlos Liscano (Uruguay)
Internet, la nouvelle donne ?
18h/19h – Magic Mirrors
Avec Felipe Becerra Calderón (Chili), Rebecca Makkai et Gary Shteyngart (USA)
Dimanche 23
La littérature, miroir de la société
11h – 12h / Magic Mirrors/Truman Capote (Cours Marigny)
Intervenants : Michael Christi (Canada)e, Jonathan Dee et Philipp Meyer (USA), LuizRuffato (Brésil)
Dans la ville
14h à 15h – Salle Robert Louis / Coeur de Ville
Avec Eugenia Almeida (Argentine), Joao Almino (Brésil), Samuel Archibald (Canada), Dianne Warren (Canada)
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