07 octobre 2012

Marseille-PSG : l’histoire des clasicos hexagonaux vue de Marseille

Le dimanche, pour les possédés du ballon rond, c’est la messe. Et deux fois par an minimum, un peu comme il y a désormais deux rentrées littéraires en France, il y a aussi la Pâque, qui peut se répéter plus souvent au gré des Coupes : les matches OM-PSG, appelés « clasicos » (oui, un seul S) depuis l’époque Canal au PSG.

Ce dimanche donc, c’est clasico. Marseille contre Paris. Le soleil contre la pluie. La capitale de France contre la ville aux 2600 ans d’histoire. La première ville de France contre la deuxième. La capitale de la République contre la ville qui, depuis mars 1660 et les canons de Louis XIV retournés contre la cité phocéenne, préféra définitivement se tourner vers la Méditerranée.

Ce dimanche 7 octobre, on parle beaucoup de l’ogre et du petit poucet (titre de France Football ce vendredi)


Ce premier clasico de la saison, c’est Ibra contre Valbuena, Mandanda face Sirigu, Thiago Silva contre Nkoulou. L’équipe capitale avec deux stars à chaque poste contre une équipe phocéenne qui a du vendre à l’été, ne pouvant pas même assurer un banc d’envergure.

Et pourtant, ce dimanche à 21 heures, l’OM sera leader avec trois points d’avance sur les Galactiques de Paris, qui cartonnent depuis quelques semaines. Si le PSG l’emporte, son meilleur goal-average le transformera en leader, malgré l’égalité de points au classement. Tout autre scénario laisserait l’OM en pôle position.

Pour la première fois depuis longtemps, le « clasico » mettra aux prises le premier et le dauphin. C’est rare. Ce qui l’est bien plus, c’est que dans trois semaines, un autre PSG-OM aura lieu : ce sera à Paris, pour les quarts de finale de la Coupe de la Ligue.

Alors, avant ce quart, et avant le retour à Paris le 23 février, retour en quelques dates importantes sur le conflit Marseille-Paris, vus du Vélodrome.

 

5 mai 1989

 

Selon France Football, c’est « le jour où le clasico est né ». Officiellement, l’appellation « Clasico » pour les matches OM-PSG ne naquit que lors des années Canal, c’est-à-dire en 1991, année où la chaîne fut propriétaire du club. L’égo de Tapie, alors aussi grosse que les succès du club, avait fait de l’OM le premier club de France. La rivalité Provence-capitale avait repris du jus, et les matches entre les deux clubs s’étaient vus dramatiser artificiellement par les dirigeants de chaque club, pour des raisons de stratégie d’audimat. Puisque Canal+ diffusait, alors, le foot en France.

Point de cela encore en 1989. Mais cette année marqua les premiers succès nationaux de l’ère Tapie, et la rivalité avait bel et bien repris. Preuve, ce 5 mai, pour la 34e journée du championnat, les Parisiens entrèrent sur la pelouse du Vélodrome en leaders du classement, avec un point d’avance sur… l’OM. Le PSG était alors orné de Safet Susic, une des trois plus belles perles vues en France durant les années 1980 (avec José Touré et Enzo Francescoli), et entraîné par un autre Yougo, Tomislav Ivic, qui donna son nom à une méthode de jeu à base d’antijeu permanent. C’était alors l’OM de Papin, de Germain (qui deviendrait plus tard parisien) et de Franck « der Bomber » Sauzée, ce mec qui tirait des boulets à quarante mètres mais qui avait (et a toujours) une voix toute fluette.



Ce soir-là, c’est lui qui tua le PSG, d’une frappe de mortier à la toute dernière minute. Deux journées plus tard, l’OM remportait le premier de ces cinq titres consécutifs de champions de France.
Pour ce match-là, placé sous tension après la tragédie d’Hillsborough (95 morts le 15 avril), il y eut déjà quelques échanges de poèmes de la part des présidents :

Tapie (Marseille) : « Tout se passera bien si Borelli ne fait pas son cinéma »
Borelli (PSG) : « Nous allons en terre hostile, j’allais dire étrangère »

 

28 octobre 1989


Champion en titre, l’OM était toujours en haut de l’affiche, à la lutte pour le trône avec son ennemi intime d’alors : les Girondins de Bordeaux. Toujours modéré par Ivic, le PSG était à la traîne, malgré la perle Susic. C’est une autre perle qui marqua le premier but : le clown anglais Waddle, un dribbleur fou à nuque longue qui entamait alors une période fantasque et fantastique avec l’OM, ce après des semaines d’adaptation compliquées. A quinze minutes de la fin, Zlatko Vujovic égalisa pour le PSG, sur une passe de Sucic évidemment. Comme en mai précédent, c’est à la fin du match que l’OM l’emporta. Par un but de son autre nouvelle pépite : Enzo Francescoli. Cet OM-PSG là, illuminé par la classe de Susic, Waddle et Francescoli, fut je pense le plus beau, à ce jour, de tous ceux qui furent joués en terre phocéenne. Le PSG emporta le match retour le 21 avril suivant. En mai, l’OM emporta son deuxième titre national. Entre temps, ce collectif marseillais, sans doute le plus équilibré et le beau de tous avec celui de 1991 et Stojkovic, fut victime de la main de Vata à Lisbonne.

29 mai 1993

Le PSG était passé à la mode Canal. Résultat : du spectacle, des stars, du jeu, du décalage, de l’esprit. Ce PSG-là allait être champion en 1994. Juste après que l’OM soit devenu à jamais le premier. Premier club français à remporter une Coupe d’Europe. La plus belle : la Champions League.

Nous étions en 1993. En France, seuls le nouveau Premier ministre Edouaaaard, à Paris, et l’OM, à Marseille, connaissaient un état de grâce.

Sinon, tout le monde souffrait. Le président Mitterrand, par exemple. Ou encore le PS, électoralement ratatiné, et qui cherchait des noises à Tapie. Oui, le PS en voulait, disait-on, au président de l’OM.

C’est aussi à cette période que les affrontements entre les deux clubs étaient les plus tendus, et souvent agressifs. C’était un temps où les deux clubs fournissaient la quasi-totalité de l’effectif des Bleus, et où les mauvaises langues disaient que les phocéens y étaient favorisés. Un temps où, lors des rassemblements d’avant match international, les Marseillais ne parlaient pas aux Parisiens.

C’est en ce temps là que tout match entre l’OM et le PSG devint un clasico de plein droit : jeu, enjeu, tension, attention aux tendons.

Quelques jours à peine après son triomphe européen à Munich, l’OM recevait donc le PSG. Quelle semaine ce fut. En cette avant-dernière journée, les phocéens étaient premiers mais ne comptaient que deux points d‘avance sur… le PSG. Lequel glaça un stade encore bouillant de reconnaissance, dès la huitième minute et un but de Vincent Guérin. Quelques instants plus tard, le renard allemand Rudi Völler égalisa. A la 36e, au terme d’un ballet comme cet OM-là savait en faire grâce à Abedi Pelé, Boli mit un coup de boule semblable à celui du Munich, mais de plus loin : 2-1. Puis Boksic crucifia le PSG, pour donner au peuple de Marseille son dernier titre avant un trou noir de dix-sept ans. Un trou noir qui ne tarderait pas à débuter, avec le volet judiciaire de l’affaire VA-OM.

 


Marseille-psg final 29 mai 1993 par nono-fusion

 

15 février 2000

Après le purgatoire (deux saisons en D2) et un peu de yoyo, l’OM acheva la saison précédente à une très bonne deuxième place. En cette saison de tournant de siècle, le club marseillais alterna néanmoins le meilleur (deux victoires face à l’ennemi parisien) et le pire (une piteuse quinzième place). C’est que l’OM avait perdu la tour de contrôle Laurent Blanc. Mais il pouvait s’appuyer sur un Robert Pires en plein boom, et sur une doublette Ravanelli-Maurice qui, pour efficace qu’elle fit, n’était cependant pas belle à voir (jouer). Au cœur d’une saison où il n’assura son maintien qu’à l’ultime journée, et dans un match où deux anciens coéquipiers nommés Leroy (Laurent et Jérôme) se battirent et furent exclus, l’OM gagna 4-1, après avoir encaissé le premier but. Les buteurs blancs et bleus s’appelaient ce jour-là Pérez, Pouget, Abardonado et Maurice (un ancien parisien).

12 avril 2002

L’histoire retiendra que, quelques jours avant un 21 avril traumatique, l’OM remporta par le Belge Van Buyten une partie très faible (1-0). On ne le savait pas encore, mais il faudrait attendre trois années avant de voir un succès olympien face aux parisiens. Cette saison-là fut aussi celle du bref retour de Tapie aux manettes, comme fugace manager sportif, et de l’arrivée pour eux saisons de Franck Leboeuf. L’OM baignait dans une inquiétante étrangeté, un bordel aussi incohérent que ridicule et flou comme il en a le secret.

 

9 mars 2003

 

De telles périodes, à Marseille, générèrent de tout temps des résultats aussi incohérents, mais parfois brillants. Brillant, comme ce titre de champion d’automne, comme cette lutte pour le titre avec Monaco. Incohérents, comme ce 4-1 encaissé au Vélodrome face au PSG, alors que l’OM avait été champion d’automne. Pour être honnête : un 4-1 encaissé contre Ronaldinho, intermittent du spectacle au PSG toujours entrainé par Luis Fernandez. Certes, ce soi-là, Jérôme Leroy marqua deux fois. Mais le Brésilien fit tout le spectacle, et planta à la 56e un but qu’on ne se lassera jamais de voir.

 


Om 0-3 Psg du 9 mars 2003 par lubri

 

16 octobre 2005

Première victoire marseillaise depuis avril 2005. Un OM entraîné par Jean Fernandez, et où commencèrent à percer Niang, Ribéry et Nasri. Et où venaient finir Barthez et Lamouchi. L’OM était mal parti en championnat, cependant que le PSG, lui, tenait bien. C’est un ancien de la capitale, passé aux rangs marseillais, qui planta une tête sur un corner de Nasri, conjurant enfin le destin récent et faisant gagner Marseille par 1 à 0.

 


But de Lorik Cana Om PsG 16 Octobre 2005 par YLBER59

 

26 octobre 2008


En cette fin de décennie, l’OM alterna les deuxième et troisième places, saison après saison. En cette saison 2008-2009, on vit Pape Diouf Erik Gerets commander Ben Arfa, Mandanda, Valbuena, Cheyrou, Taiwo, Niang. C’est-à-dire : l’équipe même qui serait championne la saison suivante, mais sans Diouf ni Gerets. Ce 26 octobre, l’OM était en tête du championnat, avec Lyon. Mais des points perdus à domicile lui coutèrent le titre à la fin. Comme les trois perdus ce soir-là devant un PSG réaliste (2-4). Deux buts de Niang etValbuena ne purent rien contre ceux de Hoarau, de l’ancien marseillais Luyindula et de Rothen. En mars suivant, l’OM alla gagner 3-1 à Paris. Mais on en reparlera lors du match retour.

20 novembre 2009


La saison du titre. Un OM qui, avec Deschamps à la baguette et avec un patron parisien (Dassier) aux affaires, avait recruté lourd : Lucho, Diawara, Morientes, Abriel, et l’ancien parisien Heinze. C’est ce dernier qui, à la 25e, marqua l’unique but d’un match qui avait été reporté de plusieurs jours suite à un sombre affaire de grippe A dans les rangs parisiens. Cette saison-là, c’est surtout le match retour, à Paris, qui valida tout ce qu’était alors l’OM.

20 mars 2011

Le début de saison tout à fait raté du le champion en titre (départs tartuffesques de Niang et de Ben Arfa, plusieurs défaites dont l’une à Paris) fut rattrapé tant que faire se put. Ainsi, ce 20 mars 2011, les deux équipes étaient côte à côte au classement, comme dans leur entrée sur le terrain : l’OM était quatrième, avec trois points d’avance sur son adversaire. Ce ‘était le match à ne pas laisser passer, et les Marseillais ne le laissèrent pas. D’un coup franc direct, Heinze marqua à nouveau contre son ancien club. Après l’égalisation de Chantôme, Ayew marqua sur un centre de … Gignac, qui avait été recruté à l’intersaison mais qu’on n’avait bien peu vu de la saison. L’OM termina la saison deuxième, derrière la plus belle équipe de France d’alors, situé à l’opposé de l’hexagone : Lille, et son Belge Hazard.

 

 

27 novembre 2011

Ce soir-là, tout le monde, à Marseille, avait les chocottes. Le club était au bord de la honte. Il la connût d’ailleurs au début de l’automne, quand une journée durant il fut dernier du la Ligue1 française. La faute à des points non pas perdus à domicile mais carrément donnés, un Lucho qui avait décidé de partir et ne jouait plus, et à un Gignac qui mangeait de la charcuterie au lieu de jouer, quand il n’était pas blessé (le charcutier n’y fut pour rien). Du côté parisien, on était passé au champagne et à l’esprit galactique depuis le rachat par les Qatariens en juillet. Etaient arrivés : Leonardo, Pastore, Menez. Allaient venir : Alex, Tiago Motta, Maxwell.
Ce 27 novembre, descendus de la Tour Eiffel, les Parisiens étaient leaders, et étaient promis au titre final. Les marseillais, eux, remontaient une pente qu’ils avaient eux-mêmes savonnée et étaient dixièmes (ce qui serait d’ailleurs leur classement final). Mais ce soir-là, l’OM se décida. A jouer. Au football. Les onze marseillais pratiquèrent, quatre-vingt dix minutes durant, un football millimétré, leur donnant une assise et une maitrise du match que jamais, jamais, les Parisiens ne purent contrer. Rémy, Amalfitano puis Ayew plantèrent dans le torse du PSG trois buts d’orgueil et de plaisir.

 

 

7 octobre 2012

Orgueil ? Plaisir ? Ibra ? Valbuena ?


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