27 avril 2012

En football, la révolution permanente passe par Guardiola

On le sentait depuis des jours et des jours. On l’a appris ce matin par la presse espagnole. Et il l’a confirmé en conférence de presse ce midi : Josep Guardiola ne prolongera pas son contrat d’entraîneur au FC Barcelone, qui arrive à son terme en juin prochain. C’est son adjoint Tito Vilanova, duquel il est très proche

, qui lui succèdera sur le banc catalan.
Ainsi, en juin prochain s’achèvera un cycle débuté en 2008, qui a vu le Barça se faire appeler « plus belle équipe de tous les temps », et remporter titres majeurs en quatre saisons, dont trois Ligas et deux Champions League.

Sur les raisons de ce départ, voir ce que disait aujourd’hui le chef du Service des Sports de RFI, interrogé sur France24 :

http://www.france24.com/fr/sites/all/modules/maison/aef_player/flash/player_new.swf

Ce qu’il importe de conserver à l’esprit, concernant Josep Guardiola, dit Pep Guardiola, c’est son rôle  essentiel dans la Révolution.

Car en football, la révolution est une ligne qui va d’Amsterdam à Barcelone.

Au début des années 1970, Rinus Michels créa le football total avec l’Ajax Amsterdam. Durant la première partie des seventies, une équipe de belles gueules aux longs cheveux pratiqua  un jeu d’apparence débonnaire, où personne ne semblait avoir réellement de poste fixe, où tout le monde défendait et attaquait selon les nécessités. C’était l’Ajax, qui forma aussi l’ossature de la grande équipe hollandaise (les « Oranje ») de 1974 et 1978. Un football de rocker où la créativité, l’endurance et la rapidité de Johan Cruyff étaient essentielles. Ce football-là, c’était comme du free-jazz joué par des guitares bloquées en survoltage. Johnny Rep, Johan Neeskens, Horst Blankenburg ne jouèrent pas au foot. Ils furent le foot. On dit à cette époque
l’Ajax,

« c’était à la fois les Beatles et les Rolling Stones du foot. »

Ils remportèrent, enter autres, trois Coupes d’Europe d’affilée (1971, 1972 et 1973).

En 1973, Michels alla entraîner ensuite le FC Barcelone, où Cruyff le rejoignit l’année suivante. Ce fut une grande période pour les Blaugrana (surnom du club), dans un temps où Franco était encore au pouvoir et la rivalité Castille-Catalogne en plus intense que de nos jours. Johan Neeskens vint les rejoindre plus tard.

Cruyff était devenu ce qu’il est toujours : un seigneur. Aujourd’hui, avec Maradona, Garrincha, Puskas, Zidane, Pelé et Messi, il est un des meilleurs joueurs de l’Histoire.

En 1988, Cruyff revint à Barcelone, pour entraîner le club. Durant quelques années, on parla de « dream team » barcelonaise, qui refaisait vivre le football total, tout en regagnant des titres nationaux et continentaux : Zubizaretta, Bakero, Koeman, Laudrup, Romario, Stoitchkov. Deux Coupes d’Europe au compteur, dont, et pour la première fois dans l’histoire blaugrana, la plus prestigieuse : la Coupe d’Europe ds Clubs Champions, devenue depuis Champions League. Cette victoire, en 1992, fut d’ailleurs le fuit d’une frappe de Ronald Koeman. Un batave. Histoire de bien rappeler la prépondérance de l’axe Amsterdam-Barcelone.
Dans cette dream team, un milieu de terrain catalan, portant numéro 4, se signalait par sa beauté mâle, par sa vision et sa technique de jeu, ainsi que par sa notoriété. Son nom : Josep Guardiola. Il restera au club jusqu’en 2001.

En 2008, il fut nommé entraîneur du club. Succédant à… un néerlandais, Franck Rijkaard, qui eut sous ses ordres les génies Ronaldinhio et Messi. Avec cette équipe, Guardiola a gagné deux Champions League et bien d’autres titres, dont celui de « plus belle équipe de tous les temps » : Xavi, Messi, Iniesta, Puyol, Keita, Pedro, Eto’o, Abidal, etc. Construisant avec eux un modèle de jeu typique du football total, mâtiné de rythme moderne : possession de balles et passes permanentes, maîtrise technique puis tactique, spectacle. La semaine terrible qui vient de s’écouler (défaite contre le Real Madrid, élimination en Champions League) a peut-être marqué la fin de ce cycle.

N’empêche : Guardiola applique à son équipe ce que lui-même apprit de son entraîneur. Guardiola est le trait d’union entre Cruyff et Messi.

En football, la révolution permanente ne porte ni lunettes ni barbichette, mais ces noms : Ajax Amsterdam, Rinus Michels, Johan Cruyff, Johan Neeskens, Futbol Club Barcelona, Ronald Koeman, Franck Rijkaard, Xavi, Iniesta, Lionel Messi, Ronaldinho. Et Pep Guardiola.

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