02 septembre 2012

Lille-PSG : le match Canal – beIn Sport des commentateurs et des réalisateurs

Ce Lille-PSG était un évènement footballistique en France : le favori n°1 contre son principal outsider, un match qui mettait aux prises deux des trois clubs français qui joueront la Champions League, une équipe qui démarre bien (le LOSC) et une qui n’était pas au niveau des centaines de millions qu’elle avait dépensé à l’intersaison.

On connaît le résultat : 2-1 pour les parisiens, avec un doublé de la mégastar Zlatan.

Mais ce Lille-PSG était aussi un évènement télévisuel pour les fans de football : c’était le premier grand match du dimanche soir qui était diffusé par… les deux diffuseurs de la Ligue 1 cette saison, Canal + et beIn Sports. Si la seconde a acheté le droit de diffuser plus de matches en direct que la seconde, on sait que la première a gardé, entre autres, la main haute sur l’exclusivité du match du dimanche, en général le match phare d’un week-end de foot en France.

Cocasse donc, que ce soir les deux chaînes l’aient diffusé en direct.

Les deux ont déballé le grand jeu : la chaîne qatarienne avait programmé un documentaire sur « Au cœur du LOSC » en apéritif. Canal, elle, avait son fidèle « Canal Football Club ».

Plus avant dans l’après-midi, le groupe Canal avait diffusé des matches italiens et anglais, et beIn avait retransmis en direct Bordeaux-Nice à 14 heures, et Marseille-Rennes à 17 heures.

Alors, quelles différences dans leur traitement du match ? Pour voir, j’ai refait le coup d’Espagne-Italie durant l’Euro, en regardant une mi-temps sur chaque. La première sur Canal, la seconde sur beIn.

Canal avait sorti son dispositif habituel du dimanche soir : Grégoire Margotton et le consultant Christophe Dugarry aux commentaires, avec Laurent Paganelli comme rapporteur de terrain. Et Messaoud Benterki en prologue et en épilogue. Ces têtes, ces voix, elles font partie des dimanches soirs de tous les passionnés de foot depuis des années. C’est bien, c’est beau, c’est pro.
BeIn avait éprouvé ses dispositifs durant l’Euro, et a démarré la saison à plein régime. C’est la chaine qui retransmet les deux tiers des rencontres de Ligue 1 en direct : l’équipe a du banc, avec pas mal de transfuges de Canal (Tulett, Josse, Papin, etc). Là aussi, du beau, du bon, du pro. Ce soir, Christophe Josse commentait en duo avec l’ancienne faucheuse de l’OM et consultant sur M6 Eric Di Meco. Sur le bord du terrain : Florian Genton. En Monsieur Loyal : Alexandre Ruiz.

Sur le papier, le match Canal-beIn était exactement au même niveau d’expérience et d’exigence que le match de football proposé.

Sur Canal, Margotton est très attentif, très précis. On aime son ton, on aime son intonation de voix laquelle dispose d’une gamme de graves très variée. Dugarry, quoiqu’on en dise, est un super consultant, capable de décrypter un geste technique une seconde après sa réalisation (comme la passe de Menez pour le brut d’Ibrahimovic à la 27e… seconde de jeu).
Les deux hommes ont autant –et bien- parlé, alliant vista de présentateurs et volonté de pédagogie. On sent la complicité, due à l’habitude des saisons passées entre les deux. Le seul défaut des dimanches foot de Canal, ce sont ces interventions intempestives de « Paga », qui intervient même quand il n’a rien à dire. Et, souvent, Paga n’a absolument rien à dire.
On nota une réalisation parfaite, avec surtout cette fameuse palette (dont on sait qu’elle est à présent disponible en application). De l’hypermoderne.
Sur beIn, Josse est lui aussi un super commentateur, oeil aiguisé, timing parfait entre action et commentaire. Mais ce soir, du moins en seconde période, il était un peu effacé devant son consultant, qui a plus parlé que lui. Or, un consultant, si brillant qu’il soit (et Di Meco n’est pas mal) n’a pas l’esprit du résumé et du synthétisé du journaliste. Sur RMC, et sur M6 auparavant, l’ancien défenseur débriefe, commente. Mais un direct en duo, c’est autre chose, et ce duo-là en est encore au stade des promesses, surtout lorsqu’on connaît le niveau de Josse. Mention à Florian Genton, aux interventions parfaites et pêchues.
La réalisation fut impeccable, mais la beIn n’a pas inventé l’équivalent de la palette de Canal, cette « patte » de réalisateur qui devient signature.

Question sape, chapeau à Josse et Di Meco, qui portaient une veste et une cravate sobre et class. Dugarry, lui, n’avait ni veste ni cravate. En ce point, avantage beIn.

Si sur le match en lui-même, Canal parut plus moderne et plus dedans, l’après-match est entièrement pour beIN. Le principe de la première est de faire entrer le match du dimanche dans le complexe du « Canal Football Club », lui-même construit autour de ce match. Du coup, après l’interview de bord de terrain une fois la partie finie, les commentateurs rendent l’antenne au plateau de l’émission, à Paris.
La chaîne qatarienne, elle, reste plus longtemps sur place : Florian Genton a interviewé un joueur lillois et un joueur parisien. Puis on eut un résumé du match, l’image étant sertie de deux bandes noires en haut et en bas, façon film sur pellicule.

Enfin, c’est sur ce genre de match qu’on peut évaluer les différences entre le ton beIn à ses débuts (l’Euro) et au quatrième mois de son existence. Diagnostic : la chaîne acquiert une réelle autonomie. En juin, on sentait un ton encore très « Canal », mais très logique. Désormais, on le sent moins. On est plus proche du direct, du cash. En somme, beIn semble être à Canal ce que BFM TV est à iTélé.

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