04 septembre 2012

Sujet Angot : une semaine de vacances, quatre pages dans Libé, et une soirée sur Twitter

A vue de nez, c’est vendeur. Pour le journal, on espère, et pourquoi pas pour le livre (mieux vaut celui-là qu’un pire, même s’il y en a moult meilleurs et plus utiles). Ce mardi, la une de Libération sera consacrée à :

Christine Angot, Le sexe de l’inceste

Référence à son livre paru en 1999, et à son tout nouveau livre, où il est aussi question d’inceste.

S’en suivent quatre pages entièrement consacrées à « Une semaine de vacances ». Un édito de Nicolas Demorand, une interview par Sylvain Bourmeau qui court sur trois pages, une critique de Claire Devarrieux, et un décryptage du phénomène Angot par Eric Loret.

L’évènement est moins la une que de publier la première interview de l’écrivain sur ce nouveau livre, deux semaines après des chroniques très positives, dans Le Monde et dans L’Express notamment. Signalons tout de même que, en deux jours de rentrée littéraire, Libé a déjà fait deux une sur ladite rentrée, et que c’est aussi professionnel que rare et remarquable.

On sait Claire Devarrieux défenseuse de Christine Angot, depuis longtemps. Idem pour le rédacteur en chef adjoint Sylvain Bourmeau. On avait enten du Eric Loret sur France Inter, un matin d’août, exprimer son amour pour ce livre.

 

La une

 

Dès la une du quotidien, on se voit présenté

« Le chef d’œuvre de la rentrée »

Derechef, Bourmeau écrit dès son entame :

« C’est un texte sidérant. Une expérience de lecture extraordinaire »

L’article de Claire Devarrieux, précis et illustré, fait fort logiquement le parallèle entre « L’Inceste » et cette « Semaine de vacances », et note une

« revanche éclatante sur l’oppression, démonstration définitive de puissance littéraire »

Rien à dire sur les quatre pages. Elles sont parfaites. Même si, pour ma modeste part, je pense du livre à peu près l’inverse de mes quatre confrères. Avant de reparler plus de ce livre ici, je relirai « L’Inceste », pour me remémorer les liens entre eux. D’autant que l’inceste est fondateur du travail traumatique, féminin et littéraire de Christine Angot.

 

Angot : un nom clivant

 

Ce lundi soir vers vingt-deux heures, comme il le fait chaque soir, Sylvain Bourmeau a fait connaître la une du lendemain sur Facebook et sur Twitter.

Ca n’a pas manqué. Deux petites heures durant, Twitter a intensément gazouillé sur la une de Libé. Preuve que le sujet Angot mobilise dès lors qu’est prononcé son nom, et qu’il est toujours clivant

Nous avons été deux-trois journalistes littéraires à relayer l’information. Comme mon confrère Bernard Lehut, l’homme des livres sur RTL, avec qui j‘échange régulièrement :

« Mettre la littérature en une pour ça, quel gâchis »

Des auteurs s’y sont mis aussi, comme Tatiana de Rosnay.

 

 

 

Puis il y a eu ceux qui, très vite aussi, ont félicité Libé pour cette une littéraire. S’en est suivi là aussi un micro débat sur la place attribuée à Angot.

 

 

Dès le livre reçu par les journalistes, Twitter, qui comme chacun sait est aussi un salon où l’on cause, se faisait l’écho d’avis contradictoires sur le livre : les pour (Le Monde, Josyane Savigneau), les contres (Tatiana de Rosnay, Bernard Lehut, moi-même, et d’autres). C’est ce débat qui s’est aussi poursuivi ce soir.

 

 

 

Depuis « Les Désaxés », ça tourne court, Angot

 

Ca n’a pas duré longtemps (on a quand même autre chose à faire en période de rentrées diverses), mais observer cela fait aussi partie du travail de journaliste littéraire. D’où cette petite note noctambule, après lecture de Libération.

Ca n’a pas duré longtemps parce que le livre concerné est très court (140 pages). Ca a tourné court parce qu’il fallait lire les articles avant d’aller plus loin. Ca a tourné court parce que, somme toute, depuis « Les Désaxés », ça tourne court, Angot.

Pour ma modeste part, je ne vois pas en elle un auteur extrêmement remarquable, mais je l’ai relativement appréciée jusqu’au livre sus-cité (2004). Dans le cadre de mon travail, j’ai bien entendu lu tous ses livres depuis des années. J’ai trouvé d’une vanité absolue des ouvrages comme « Rendez-vous » et « Le Marché des amants », où apparaissaient très nettement les hommes dont elle parlait. Le genre de livres écrits pour payer les impôts (elle avait touché 230 000 euros d’à-valoir pour « Le Marché… », pour des ventes qui selon les sources se situent entre 15 000 et 18 000), comme un acteur tourne une mauvaise comédie vite fait pour honorer ses pensions. Si j’apprécie assez les scansions, la nervosité, le côté quasi médical de son style, si je vois bien le travail analytique à l’œuvre pour arriver à l’os, puis à l’âme, je vois aussi que les livres d’Angot sont de plus en plus particuliers, et de moins en moins universels.

Ces deux termes sont une bonne partie du débat de la littérature.

Raison, aussi, pour laquelle Angot buzz toujours. La preuve, en cette soirée sur Twitter.

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