03 juillet 2014

France-Allemagne : une histoire kolossal

Il est des jours, rares et précieux, où le présent rejoue une part de notre histoire intime. Pour un fou de foot, un France-Allemagne, c’est une part du passé qui remonte et qui se fait beau pour rejouer un tour. Pour un quadra (j’en suis), un France-Allemagne est non seulement une part d’Histoire, mais aussi une portion d’ADN. A cet âge, fortes sont les présomptions que Séville fasse partie des fondations. Ce 9 juillet, ce soir où le foot entra dans l’histoire de France, est une légende. Collective.

 
Dont un nouveau chapitre se joue ce vendredi à Rio. A 18 heures, le premier des quatre quarts de finale de cette Coupe du monde 2014. France-Allemagne, ça remonte à Charlemagne. Des guerres d’empires, puis des revanches régionales, des guerres mondiales devenues luttes économiques. Et, en football, une rivalité historique, traumatique, que les réseaux sociaux allemands ont ces jours-ci baptisé ainsi : « der Klassiker » (le classique).

 
En football, les rapports France-Allemagne sont entrés dans l’éternité sous le nom d’une ville : la nuit de Séville pour 1982, les poteaux de Glasgow pour la défaite des Verts devant le Bayern en 1976, ou encore (en tirant un peu plus sur les cheveux) Munich pour la victoire marseillaise en 1993. Demain, ils auront un écrin inédit, peut-être le plus prestigieux : le Maracaña de Rio.
Pour introduire cette histoire des France-Allemagne, une première statistique, qui dit aussi l’enjeu de ce quart de finale : devant cet adversaire historique, l’équipe de France mène d’une seule victoire. En additionnant les matches contre l’Allemagne d’avant-guerre, ceux contre la RDA et RFA entre 1945 et 1990, puis le pays réunifié depuis, les Bleus totalisent 13 victoires contre douze, et 7 matchs nuls.

France-Allemagne : un histoire de Colombes à Rio

 

Le match du Maracaña, ce sera le dernier chapitre avant le prochain. Le Maracaña n’existait pas encore quand le premier France-Allemagne de l’histoire eut lieu dans un stade dont on ne parle plus en football : le stade de Colombes, autrement nommé Stade Yves-du-Manoir. Ce 15 mars 1931, il était plein : quinze mille Allemand et vingt-cinq mille Français étaient venus assistés à cette première depuis la Grande Guerre. Les articles parlent d’un « contentieux encore sensible », dans un match arbitré par un Anglais –comme un symbole. Les Français, repliés durant tout le match en défense, l’emportèrent grâce à la chance, quand à la 15e l’arrière Münzenberg détourna dans ses filets allemands une passe du Français Delfour. Une victoire bleue qui précédait de peu, outre-Rhin, la chute de la république de Weimar et l’arrivée de la bête immonde.
Un nazisme qui vient d’accéder au pouvoir quand, le 19 mars 1933 à Berlin, les deux sélections terminent à trois buts partout. Deux ans (moins deux jours) plus tard, c’est le Parc des Princes (oui, le Parc exista avant le PSG) qui accueille un match joué dans une atmosphère détestable, avec des Allemands qui font le salut nazi avant de l’emporter 3-1. L’addition sera plus salée (4-0) le 21 mars 1937 à Stuttgart, où les Bleus comptent en défense Raoul Diagne, devenu en 1931 le premier joueur Noir sélectionné en équipe de France.

 

Une Allemagne, deux pays

 

Retour à Colombes le 5 octobre 1952. Le Reich n’est plus, et c’est la R.F.A. qu’affrontent des Bleus qui, entre autres joueurs nouveaux, aligne pour la première fois un certain Raymond Kopa. 56 000 personnes ont investi un stade d’où fusent des insultes contre les Allemands. Des insultes qui deviennent cris de joie devant la partition d’une équipe menée par le capitaine Roger Marche, et où quatre hommes que l’on dirait aujourd’hui issus de l’immigration jouent en bleu : Joseph Ujlaki, César Ruminski, Lazare Gianessi et, donc, Raymond Kopa. Résultat : 3-1 pour la France. Le 16 octobre 1954, à Hanovre, ce sont de tout frais champions du monde que vient défier une équipe qui, là encore l’emporte 3-1. Devant 85 000 spectateurs, les Bleus alignent le vétéran Larbi Ben Barek, « la perle noire du Maroc », quarante ans et quatre mois, mais ce dernier se blesse et son remplaçant, Jacques Foix, intercepte une passe en retrait à la demi-heure de jeu, imité juste après par Jean Vincent. Kopa donnera à Foix la balle du 3-0, avant que les Allemands ne sauvent l’honneur dans le dernier quart d’heure (3-1).

 

(Voir la vidéo)

 

Le feu d’artifice de Göteborg

 

Revanche ou pas, guerre ou pas guerre : tous ces matches ne furent pourtant que… des matchs amicaux. Ce 28 juin 1958 à Göteborg (Suède), le septième France-Allemagne de l’histoire fut le premier à enjeu, le premier dans une compétition officielle. Et quel enjeu : la troisième place d’une Coupe du monde qui, on le sait, fut le premier grand chapitre de l’histoire de France (du foot). Après avoir perdu contre Pelé, Garrincha et le Brésil en demies, les Bleus jouent et gagnent la petite finale contre (mine de rien) les tenants du titre ouest-allemands, eux aussi tombés en demies. Mais ce ne fit pas qu’une victoire. Ce fut une kermesse : 6-3 pour des Bleus qui par Fontaine (quatre buts), Fontaine et Douis se payèrent un score de tennis.

 

 

Le 26 octobre, retrouvailles, en match amical à Colombes : 2-2. Les six France-R.F.A. suivants seraient aussi des matches amicaux. Bilan : trois nuls, trois victoires ouest-allemandes (dont un 5-1 et un 4-1) et une française. La R.F.A. d’alors était la championne du monde 1974, demi-finaliste 1970, championne d’Europe 1972 et 1980, vice-championne d’Europe 1976. Une équipe qui fut autant une furia rock’n’roll quand elle ressemblait au Borussia Mönchengladbach (1970, 1972) qu’une colonne aussi raide qu’une ligne de Panzers lorsqu’elle jouait comme l’autre grand club teuton d’alors, le Bayern Munich (1976, 1980). C’était le temps de Kaizer Franz (Beckenbauer), de Gerd Müller, de Sepp Maier, puis de Förster, Kaltz, Hrubesch, Schumacher.

Cette R.F.A.-là, la France ne la battit qu’une fois : 1-0 ce 23 février 1977. Le début de l’ère Hidalgo.

 

(Voir la vidéo)

Ne pas oublier la R.D.A.

 

C’est en 1974 que la France rencontra pour la première fois l’autre république allemande. Pas de chance, c’est la meilleure période de la sélection est-allemande, cinq mois après la participation de celle-ci à la coupe du monde 1974, et sa victoire historique contre la R.F.A. Ce 16 novembre, dans le cadre des éliminatoires pour l’Euro 76, l’équipe de France, qui ne sait pas encore que le meilleur est à venir, fait match nul au Parc des Princes : 2-2. Le match retour à Leipzig voit les est-allemands gagner 2-1.

 

(Voir la vidéo)

 

Quand ils retrouvent l’Allemagne de l’Est pour les éliminatoires de la Coupe du monde 1986, les Bleus sont champions d’Europe. En décembre 1984, la première victoire de l’histoire (2-0, buts de Stopyra et d’Anziani) conclut brillamment une année parfaite où les Bleus ont tout gagné. Dix mois plus tard, le retour est nettement moins bon : défaite 2-0 à Leipzig (0-2). Jusqu’à sa fin en 1990, la R.D.A. aura été un des chats noirs des Bleus, à qui elle réussit peu. Bilan définitif : sept matches, deux victoires, trois défaites et deux nuls.

 

1982 : le mythe

 

En 1982, nouvelle confrontation France-R.F.A. en Coupe du monde. Du côté allemand, c’est toujours la grande forme. Cette équipe ne s’intéresse pas au jeu, mais à la victoire. Et elle gagne. Mais ce Mundial espagnol a changé la donne, et fait admirer au monde entier une équipe au « carré magique » (Genghini – Platini – Tigana – Giresse). Peut-être, sans doute, la plus belle équipe de France de tous les temps. Du football total made in France, moins physique que celui des Hollandais [LIEN] mais plus technique. Magique. La nuit de Séville, c’est une messe, une ode, une symphonie, une tragédie, un acte fondateur. Une nuit qui a tué les vieux fantômes, et qui en a invoqué d’autres. Quand on pense à Allemagne-France, c’est à cette nuit que l’on pense. A jamais.

 

 

1986 : le rêve cassé

 

Rebelote quatre ans plus tard. Coupe du monde, au Mexique. Demi-finale, toujours. La France a entre temps emporté son premier grand titre international en 1984, année tout sourire qui l’avait même vu se venger de Séville en un match amical (1-0). La France qui retrouve son ennemi est celle qui vient de battre le Brésil de Zico et Socrates. Épuisés nerveusement et physiquement, les Bleus ne peuvent cependant pas compter sur Platini (malade durant une compétition qu’il joua sous infiltration). Joël Bats qui relâche un coup franc de Brehme.Völler qui entre et marque. Une défaite 2-0 qui, peut-être, fit plus mal encore que la nuit sévillane : cette équipe de France-là voulait, pouvait, devait gagner la Coupe du monde. Qui élu alors l’Argentine de Maradona. Avant le quart de finale de ce vendredi, ce France-RFA est la dernière confrontation franco-allemande en compétition.

 

(Voir la vidéo, en Anglais)

 

Retrouvailles

 

Vingt-huit ans ont passé. Durant lesquels le football a changé. Les Bleus ont à présent un palmarès qui, sans égaler celui d’en face, les met au niveau : le toit du monde en 1998, celui de l’Europe 2000, et la finale de 2006.

En 1987 à Berlin, un match amical estival vit la première sélection d’un certain Eric Cantona, qui d’ailleurs marqua

 

(Voir la vidéo)

 

En février 1990, à Montpellier, le match amical gagné 2-1 vit Laurent Blanc pour la première fois en bleu.

En juin 1996, un autre match amical, gagné 1-0 par la France sur terre rivale, vit Aimé jacquet aligner pour la première fois une défense qui fit ensuite des malheurs : Thuram – Blanc – Desailly – Lizarazu (remplaçant).

Le 27 février 2001, amical toujours, Zidane marqua son unique but contre l’Allemagne.

 

(Voir la vidéo, en Allemand)

 

En 2003, les Bleus de Santini mirent un 3-0 à Saint-Denis. En 2005, on vit un 0-0. Février 2012 à Brême : Valbuena, Giroud et Debuchy e mirent en évidence et la France, qui jouait en blanc contre des allemands en maillot vert, gagna 2-1. Même score, mais inversé, un an plus tard au Stade de France : des Bleus amorphes assistèrent à la symphonie d’Özil, Khedira et Müller.

 

(Voir la vidéo)

 

A cette heure, personne ne sait la musique qui sera jouée au Maracana de Rio. Ce que tout le monde sait, c’est que ce sera de l’Histoire.

Il est des jours, rares et précieux, où le présent rejoue une part de notre histoire intime. Pour un fou de foot, un France-Allemagne, c’est une part du passé qui remonte et qui se fait beau pour rejouer un tour. Pour un quadra (j’en suis), un France-Allemagne est non seulement une part d’Histoire, mais aussi une portion d’ADN. A cet âge, fortes sont les présomptions que Séville fasse partie des fondations. Ce 9 juillet, ce soir où le foot entra dans l’histoire de France, est une légende. Collective.

 
Dont un nouveau chapitre se joue ce vendredi à Rio. A 18 heures, le premier des quatre quarts de finale de cette Coupe du monde 2014. France-Allemagne, ça remonte à Charlemagne. Des guerres d’empires, puis des revanches régionales, des guerres mondiales devenues luttes économiques. Et, en football, une rivalité historique, traumatique, que les réseaux sociaux allemands ont ces jours-ci baptisé ainsi : « der Klassiker » (le classique).

 
En football, les rapports France-Allemagne sont entrés dans l’éternité sous le nom d’une ville : la nuit de Séville pour 1982, les poteaux de Glasgow pour la défaite des Verts devant le Bayern en 1976, ou encore (en tirant un peu plus sur les cheveux) Munich pour la victoire marseillaise en 1993. Demain, ils auront un écrin inédit, peut-être le plus prestigieux : le Maracaña de Rio.
Pour introduire cette histoire des France-Allemagne, une première statistique, qui dit aussi l’enjeu de ce quart de finale : devant cet adversaire historique, l’équipe de France mène d’une seule victoire. En additionnant les matches contre l’Allemagne d’avant-guerre, ceux contre la RDA et RFA entre 1945 et 1990, puis le pays réunifié depuis, les Bleus totalisent 13 victoires contre douze, et 7 matchs nuls.

France-Allemagne : un histoire de Colombes à Rio

 

Le match du Maracaña, ce sera le dernier chapitre avant le prochain. Le Maracaña n’existait pas encore quand le premier France-Allemagne de l’histoire eut lieu dans un stade dont on ne parle plus en football : le stade de Colombes, autrement nommé Stade Yves-du-Manoir. Ce 15 mars 1931, il était plein : quinze mille Allemand et vingt-cinq mille Français étaient venus assistés à cette première depuis la Grande Guerre. Les articles parlent d’un « contentieux encore sensible », dans un match arbitré par un Anglais –comme un symbole. Les Français, repliés durant tout le match en défense, l’emportèrent grâce à la chance, quand à la 15e l’arrière Münzenberg détourna dans ses filets allemands une passe du Français Delfour. Une victoire bleue qui précédait de peu, outre-Rhin, la chute de la république de Weimar et l’arrivée de la bête immonde.
Un nazisme qui vient d’accéder au pouvoir quand, le 19 mars 1933 à Berlin, les deux sélections terminent à trois buts partout. Deux ans (moins deux jours) plus tard, c’est le Parc des Princes (oui, le Parc exista avant le PSG) qui accueille un match joué dans une atmosphère détestable, avec des Allemands qui font le salut nazi avant de l’emporter 3-1. L’addition sera plus salée (4-0) le 21 mars 1937 à Stuttgart, où les Bleus comptent en défense Raoul Diagne, devenu en 1931 le premier joueur Noir sélectionné en équipe de France.

 

Une Allemagne, deux pays

 

Retour à Colombes le 5 octobre 1952. Le Reich n’est plus, et c’est la R.F.A. qu’affrontent des Bleus qui, entre autres joueurs nouveaux, aligne pour la première fois un certain Raymond Kopa. 56 000 personnes ont investi un stade d’où fusent des insultes contre les Allemands. Des insultes qui deviennent cris de joie devant la partition d’une équipe menée par le capitaine Roger Marche, et où quatre hommes que l’on dirait aujourd’hui issus de l’immigration jouent en bleu : Joseph Ujlaki, César Ruminski, Lazare Gianessi et, donc, Raymond Kopa. Résultat : 3-1 pour la France. Le 16 octobre 1954, à Hanovre, ce sont de tout frais champions du monde que vient défier une équipe qui, là encore l’emporte 3-1. Devant 85 000 spectateurs, les Bleus alignent le vétéran Larbi Ben Barek, « la perle noire du Maroc », quarante ans et quatre mois, mais ce dernier se blesse et son remplaçant, Jacques Foix, intercepte une passe en retrait à la demi-heure de jeu, imité juste après par Jean Vincent. Kopa donnera à Foix la balle du 3-0, avant que les Allemands ne sauvent l’honneur dans le dernier quart d’heure (3-1).

 

(Voir la vidéo)

 

Le feu d’artifice de Göteborg

 

Revanche ou pas, guerre ou pas guerre : tous ces matches ne furent pourtant que… des matchs amicaux. Ce 28 juin 1958 à Göteborg (Suède), le septième France-Allemagne de l’histoire fut le premier à enjeu, le premier dans une compétition officielle. Et quel enjeu : la troisième place d’une Coupe du monde qui, on le sait, fut le premier grand chapitre de l’histoire de France (du foot). Après avoir perdu contre Pelé, Garrincha et le Brésil en demies, les Bleus jouent et gagnent la petite finale contre (mine de rien) les tenants du titre ouest-allemands, eux aussi tombés en demies. Mais ce ne fit pas qu’une victoire. Ce fut une kermesse : 6-3 pour des Bleus qui par Fontaine (quatre buts), Fontaine et Douis se payèrent un score de tennis.

 

(Voir la vidéo)

 

Le 26 octobre, retrouvailles, en match amical à Colombes : 2-2. Les six France-R.F.A. suivants seraient aussi des matches amicaux. Bilan : trois nuls, trois victoires ouest-allemandes (dont un 5-1 et un 4-1) et une française. La R.F.A. d’alors était la championne du monde 1974, demi-finaliste 1970, championne d’Europe 1972 et 1980, vice-championne d’Europe 1976. Une équipe qui fut autant une furia rock’n’roll quand elle ressemblait au Borussia Mönchengladbach (1970, 1972) qu’une colonne aussi raide qu’une ligne de Panzers lorsqu’elle jouait comme l’autre grand club teuton d’alors, le Bayern Munich (1976, 1980). C’était le temps de Kaizer Franz (Beckenbauer), de Gerd Müller, de Sepp Maier, puis de Förster, Kaltz, Hrubesch, Schumacher.

Cette R.F.A.-là, la France ne la battit qu’une fois : 1-0 ce 23 février 1977. Le début de l’ère Hidalgo.

 

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Ne pas oublier la R.D.A.

 

C’est en 1974 que la France rencontra pour la première fois l’autre république allemande. Pas de chance, c’est la meilleure période de la sélection est-allemande, cinq mois après la participation de celle-ci à la coupe du monde 1974, et sa victoire historique contre la R.F.A. Ce 16 novembre, dans le cadre des éliminatoires pour l’Euro 76, l’équipe de France, qui ne sait pas encore que le meilleur est à venir, fait match nul au Parc des Princes : 2-2. Le match retour à Leipzig voit les est-allemands gagner 2-1.

 

(Voir la vidéo)

 

Quand ils retrouvent l’Allemagne de l’Est pour les éliminatoires de la Coupe du monde 1986, les Bleus sont champions d’Europe. En décembre 1984, la première victoire de l’histoire (2-0, buts de Stopyra et d’Anziani) conclut brillamment une année parfaite où les Bleus ont tout gagné. Dix mois plus tard, le retour est nettement moins bon : défaite 2-0 à Leipzig (0-2). Jusqu’à sa fin en 1990, la R.D.A. aura été un des chats noirs des Bleus, à qui elle réussit peu. Bilan définitif : sept matches, deux victoires, trois défaites et deux nuls.

 

1982 : le mythe

 

En 1982, nouvelle confrontation France-R.F.A. en Coupe du monde. Du côté allemand, c’est toujours la grande forme. Cette équipe ne s’intéresse pas au jeu, mais à la victoire. Et elle gagne. Mais ce Mundial espagnol a changé la donne, et fait admirer au monde entier une équipe au « carré magique » (Genghini – Platini – Tigana – Giresse). Peut-être, sans doute, la plus belle équipe de France de tous les temps. Du football total made in France, moins physique que celui des Hollandais [LIEN] mais plus technique. Magique. La nuit de Séville, c’est une messe, une ode, une symphonie, une tragédie, un acte fondateur. Une nuit qui a tué les vieux fantômes, et qui en a invoqué d’autres. Quand on pense à Allemagne-France, c’est à cette nuit que l’on pense. A jamais.

 

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1986 : le rêve cassé

 

Rebelote quatre ans plus tard. Coupe du monde, au Mexique. Demi-finale, toujours. La France a entre temps emporté son premier grand titre international en 1984, année tout sourire qui l’avait même vu se venger de Séville en un match amical (1-0). La France qui retrouve son ennemi est celle qui vient de battre le Brésil de Zico et Socrates. Épuisés nerveusement et physiquement, les Bleus ne peuvent cependant pas compter sur Platini (malade durant une compétition qu’il joua sous infiltration). Joël Bats qui relâche un coup franc de Brehme.Völler qui entre et marque. Une défaite 2-0 qui, peut-être, fit plus mal encore que la nuit sévillane : cette équipe de France-là voulait, pouvait, devait gagner la Coupe du monde. Qui élu alors l’Argentine de Maradona. Avant le quart de finale de ce vendredi, ce France-RFA est la dernière confrontation franco-allemande en compétition.

 

(Voir la vidéo, en Anglais)

 

Retrouvailles

 

Vingt-huit ans ont passé. Durant lesquels le football a changé. Les Bleus ont à présent un palmarès qui, sans égaler celui d’en face, les met au niveau : le toit du monde en 1998, celui de l’Europe 2000, et la finale de 2006.

En 1987 à Berlin, un match amical estival vit la première sélection d’un certain Eric Cantona, qui d’ailleurs marqua

 

(Voir la vidéo)

 

En février 1990, à Montpellier, le match amical gagné 2-1 vit Laurent Blanc pour la première fois en bleu.

En juin 1996, un autre match amical, gagné 1-0 par la France sur terre rivale, vit Aimé jacquet aligner pour la première fois une défense qui fit ensuite des malheurs : Thuram – Blanc – Desailly – Lizarazu (remplaçant).

Le 27 février 2001, amical toujours, Zidane marqua son unique but contre l’Allemagne.

 

(Voir la vidéo, en Allemand)

 

En 2003, les Bleus de Santini mirent un 3-0 à Saint-Denis. En 2005, on vit un 0-0. Février 2012 à Brême : Valbuena, Giroud et Debuchy e mirent en évidence et la France, qui jouait en blanc contre des allemands en maillot vert, gagna 2-1. Même score, mais inversé, un an plus tard au Stade de France : des Bleus amorphes assistèrent à la symphonie d’Özil, Khedira et Müller.

 

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A cette heure, personne ne sait la musique qui sera jouée au Maracana de Rio. Ce que tout le monde sait, c’est que ce sera de l’Histoire.

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